Aux détours de cette exposition, trois artistes irano-canadiennes - Shahla Bahrami, Shabnam K. Ghazi et Leila Zelli - tissent patiemment de délicats espaces intimistes. Leurs propos individuels se répondent ici de manière surprenante alors qu'elles explorent avec une lucidité sensible la matérialité subtile des choses traversées par le geste, l'écriture poétique et l'allusion politique.
Des bribes autobiographiques tirées de journaux intimes, des souvenirs de lectures, des textes censurés ou les vers des poètes Rumi, Hafez et Omar Khayyam sont littéralement incorporés dans le substrat tressé des oeuvres Gabbeh, Tapis persan et Les Paysages sacrés : parcelles de mémoires logées dans des écritures dont on intuitionne la portée personnelle, doublée du panorama d'une culture grevée par la censure de la libre expression artistique.
Pour déjouer l'Histoire univoque qui écrase, les trois artistes multiplient les petites narrations éclatées. Shabnam K. Ghazi emploie la calligraphie persane dite Siyah Mashq pour couvrir en tous sens des pages qu'elle sérigraphie sur un papier japonais et qu'elle découpe ensuite en bandelettes, réassemblées dans l'oeuvre finale. Shahla Bahrami écrit littéralement sur la nourriture pour pointer le fusionnement des mots de pouvoir avec l'acte d'avaler. Je mange ma langue joue à la fois sur l'autocensure qui intériorise le sens imposé et la censure extérieure qui s'exprime par la dévoration des identités autres. Pour sa part, Leila Zelli institue des rapports allusifs entre des paires d'images. Les pétales d'une rose de Damas qui s'effeuille répondent aux pages pliées du vieux Coran de sa grand-mère, renvoyant aux guerres de religion qui menacent maintenant la fleur légendaire et les êtres de disparition.
Ces scénarios discrets se déploient librement dans des oeuvres qui, au-delà des contraintes exprimées, s'autorisent un espace d'expression . Elles invitent à considérer les cloisonnements idéologiques comme des écrans qui s'évaporent dans l'imaginaire fluide.
Pierre-François Ouellette et Marie-Jeanne Musiol ont conçu la présentation de cette exposition.
Des bribes autobiographiques tirées de journaux intimes, des souvenirs de lectures, des textes censurés ou les vers des poètes Rumi, Hafez et Omar Khayyam sont littéralement incorporés dans le substrat tressé des oeuvres Gabbeh, Tapis persan et Les Paysages sacrés : parcelles de mémoires logées dans des écritures dont on intuitionne la portée personnelle, doublée du panorama d'une culture grevée par la censure de la libre expression artistique.
Pour déjouer l'Histoire univoque qui écrase, les trois artistes multiplient les petites narrations éclatées. Shabnam K. Ghazi emploie la calligraphie persane dite Siyah Mashq pour couvrir en tous sens des pages qu'elle sérigraphie sur un papier japonais et qu'elle découpe ensuite en bandelettes, réassemblées dans l'oeuvre finale. Shahla Bahrami écrit littéralement sur la nourriture pour pointer le fusionnement des mots de pouvoir avec l'acte d'avaler. Je mange ma langue joue à la fois sur l'autocensure qui intériorise le sens imposé et la censure extérieure qui s'exprime par la dévoration des identités autres. Pour sa part, Leila Zelli institue des rapports allusifs entre des paires d'images. Les pétales d'une rose de Damas qui s'effeuille répondent aux pages pliées du vieux Coran de sa grand-mère, renvoyant aux guerres de religion qui menacent maintenant la fleur légendaire et les êtres de disparition.
Ces scénarios discrets se déploient librement dans des oeuvres qui, au-delà des contraintes exprimées, s'autorisent un espace d'expression . Elles invitent à considérer les cloisonnements idéologiques comme des écrans qui s'évaporent dans l'imaginaire fluide.
Pierre-François Ouellette et Marie-Jeanne Musiol ont conçu la présentation de cette exposition.